L'héritière des Raeven - Intégrale by Méropée Malo

Auteur:Méropée Malo [Malo, Méropée]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
ISBN: 9791028104719
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2019-03-31T22:00:00+00:00

Quand l’horloge lunaire indiqua que cinquante-neuf minutes s’étaient écoulées, Assia était prête. À quoi, elle ne savait pas trop. Ramasser la cervelle de Théodore à la petite cuillère quand il se téléporterait de nouveau en son temps et qu’il rencontrerait un obstacle métaphysique qui ne lui laisserait aucune chance ? ou alors elle ne verrait rien se produire, la coquille qu’était devenue son corps restant identique, sans lueur de conscience ? Elle s’attendait même à voir surgir les fantômes de ses ancêtres, horrifiées par son culot à tenter une telle expérience, cinquante-trois jours seulement – une misère – après être entrée en possession de ses pouvoirs.

Assia s’efforça de réguler sa respiration en prévision de l’un de ces trois événements… et elle échoua.

Le dernier grain de sable tomba dans la fiole du bas, Théodore battit des paupières. Soulagée, Assia le vit redresser la tête, parcourir la pièce du regard, s’arrêter sur elle et demander :

— C’est des nouilles à la carbonara que je sens ?

Assia quitta sa chaise et étreignit Théodore en riant. Pour toute réponse, il lui tapota maladroitement le dos. Elle rapporta de la cuisine la demi-casserole qu’elle n’avait pas avalée et le regarda manger avec une sorte d’attendrissement. À présent, Théodore semblait… différent. Plus grave, peut-être. Rêveur, ça, il l’avait toujours été.

— Raconte ! demanda-t-elle lorsqu’il eut avalé une bonne partie de son assiette.

— Je me suis retrouvé ici même, la pièce n’avait pas changé par rapport à maintenant. Une femme lisait sur le canapé. Quand elle m’a vu apparaître, elle a prononcé une sorte de formule qui m’a empêché de bouger… Je pouvais juste parler, et je me suis excusé de débarquer comme ça dans son salon. Je lui ai demandé en quelle année on se trouvait. Elle s’est déplacée en s’arrangeant pour rester hors de portée et m’a montré le journal du jour. C’était il y a douze ans, on était à la bonne époque. Je lui ai demandé si elle savait où je pouvais trouver Jonas…

— Tu veux dire que tu as vu ma mère ou ma tante ? l’interrompit Assia, qui n’en pouvait plus de se taire. À quoi ressemblait-elle ? Elle avait les cheveux courts ou longs ? Elle était rousse ? Avait-elle l’air heureuse ? Dis-moi !

Assia reprit son souffle ; Théodore n’y était pour rien si sa famille lui manquait à ce point. Elle étendit une main en guise d’excuse et il reprit gentiment :

— Elle avait les cheveux longs, blond-roux, et elle te ressemblait un peu…

— Tu as vu ma tante. Je n’en reviens pas…

— Elle a voulu savoir qui m’envoyait, et quand j’ai dit que c’était toi… elle a eu l’air très heureuse ; elle s’est empressée de lever le sort qui me paralysait et elle m’a dit de t’embrasser… Elle voulait tout savoir sur toi, comment tu allais, ce que tu faisais, si tu avais des amis, si tu faisais des études, si tout allait bien, mais je ne me suis pas attardé, je savais que l’heure tournait. Et puis je ne te connais pas si bien que ça, en fait.

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